La Naissance de Vénus de Cabanel
- Marie
- 5 juin 2016
- 3 min de lecture

Qu'elle est belle cette déesse sortant des flots ! On dirait presque qu'elle vient de se réveiller et qu' éblouie par la lumière du soleil elle protège ses yeux de son bras gracieux.
Présenté au public dans le Salon Carré du Louvre en 1863 ce tableaux rencontre un succès fou. L'empereur Napoléon III l'achète aussitôt et la carrière d'Alexandre Cabanel est lancée. Celui-ci a été élève à l’École des Beaux-Arts de Paris , institution dirigée par l’État où l'ont enseignait l'art au XIXe siècle, et a vécu quelques années à Rome pour étudier la Renaissance Italienne en peinture. Il n'est donc pas étonnant qu'il choisisse un sujet classique inspiré de l'antiquité romaine.
En effet, Vénus est la déesse romaine de l'amour et de la beauté. Selon la légende elle serait née de l'écume de la mer. C'est cette naissance extraordinaire qui est ici représentée. Elle repose sur les vagues, ses cheveux se mêlent à l’écume et à l’eau pour donner l’impression qu’elle sort des flots.

Les amours accompagnent toujours la déesse.
Au-dessus d’elle se tiennent des petits personnages ressemblant à des bébés ailés ou à des petit anges. Ce sont des amours, petits personnages qui symbolisent l’Amour (avec un grand A), ils accompagnent la déesse dans ses représentations en peinture ou en sculpture. Ici ils se réjouissent de la naissance de la déesse et annoncent cette bonne nouvelle en utilisant des conques comme instrument à vent.
Un tableau académique
Alexandre Cabanel a reçu une formation classique au sein d'institutions dirigées par l’État et il continue de reproduire ce que ses maîtres lui ont appris. Ses œuvres sont donc académiques c'est à dire qu'elles reproduisent les techniques artistiques enseignées aux Beaux-Arts et reflète le goût de ses contemporains, celui de la bourgeoisie bien pensante du XIXe siècle.
La Naissance de Vénus est une œuvre purement académique car la scène représentée est inspirée de la mythologie romaine. L’œuvre peut donc être rangée parmi les peintures historiques ,catégorie dans laquelle les tableaux ont des sujets qui s'inspirent de l’histoire chrétienne, de l’histoire antique ou de la mythologie.
De plus, le nu de ce tableau est un nu artistique : il est justifié par le contexte mythologique , contexte dans lequel on représente les dieux et déesses antiques nus, et surtout il est totalement idéalisé et bien loin de refléter la réalité ! Observez ces ton pastels, ses contours biens définis, cette absence de pilosité et cette posture très sensuelle.

La déesse est ici empreinte d'une sensualité presque indécente.
Hypocrisie
Pour un public bourgeois du XIXe siècle imprégné de christianisme la représentation d'un nu est un véritable scandale qui porte atteinte à la moral et aux bonnes mœurs. Pourtant le tableau rencontre un grand succès et ce parce qu'il observe les règles académiques.
Cette contradiction est dénoncée par un grand écrivain de cette période, Émile Zola. Il dit a propos de ce tableau que la déesse à l’air d’être faite « non pas en chair et en os cela semblerait indécent, mais en une sorte de pâte d’amande blanche et rose ». Il veut ainsi montrer l'hypocrisie du public bourgeois et bien pensant à laquelle tout artiste de cette époque est confronté.
Le Scandale
Au moment où La Naissance de Vénus est présentée au public un autre tableau comportant également un nu est aussi exposé. Il s'agit du Déjeuner sur l'herbe de son ami Édouard Manet.

Tableau réaliste le Déjeuner sur l'herbe provoque le scandale.
Malheureusement le Déjeuner ne rencontre pas le succès de La Naissance, et pire encore il fait l'objet d'un véritable scandale. La cause ? Le nu du tableau est ... réaliste !

Manet n'a absolument pas idéalisé le corps féminin, au contraire il le présente de la manière la plus réaliste qu'il soit dans un contexte bien loin d'être mythologique.
Ce nu est considéré comme immoral et indécent ce qui fait que le tableau de Manet est refusé au Salon.
La liberté de l'artiste du XIXe siècle remis en cause
Le scandale autour du Déjeuner sur l'herbe montre que l'art au XIXe obéit à des règles très strictes émises par un public bourgeois et le jury des Salons : un corps nu est accepté sous certaines conditions et on rejette les artistes qui refusent de se plier à ces règles. La seule liberté des artistes est de reproduire dans leurs œuvres l'enseignement de leurs maîtres .
Cette situation est à l'origine des mouvement d'avant-garde en peinture qui se multiplient à partir du milieu du XIXe siècle.
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